Témoins du temps et de l’histoire,
les mégalithes révèlent un pan méconnu d’une culture païenne ancestrale. Le site garde encore quelques secrets d’une
Afrique préhistoire
Se rendre à cette localité de la commune de Gayène Sabakh dans le
département de Nioro du Rip n’est pas aisé. La piste d’accès n’est pas aménagée.
Sine NGayène est un complexe mégalithique qui rend compte de plus de 1 500
ans d’existence d’une « société conservatrice et hiérarchisée ».
Cyr Deschamps, archéologue définit les
mégalithes comme « des blocs de
latérite sculptés en forme simple (prismes ou cylindres) parfois plus complexes
(pierre lyre) dont la disposition la plus fréquente est le cercle presque
toujours flanqué d’une ligne d’orientation Nord-Sud ». Avec ses 52
cercles, dont 1 200 pierres, Sine NGayène est le plus grand site de la zone.
Classé patrimoine historique mondial par
l’Unesco en 2006, Sine Gayène est un
aussi symbole de la Sénégambie. Il servait à l’inhumation entre le IIe et le Vie siècle. L’endroit fait
partie des quatre groupes de sites
mégalithiques existant en Gambie (Wassu et Kerbacht) et au Sénégal (Sine Gayène
et Wanar). Il a fait l’objet de trois fouilles par Raymond Mauny
en 1956, Cyr Deschamps et Guy Thilmans 1975-76) puis Hamady Bocoum et Augustin
Holl (2003-2005). Le résultat montre « qu’il
existe une différence fonctionnelle entre tumulus et cercles mégalithiques. Les
premiers correspondent à des sépultures
uniques et richement accompagnées et les seconds à des sépultures multiples,
parfois secondaires, associées à un mobilier relativement réduit », comme
le précisent Holl et Bocoum.
Malgré le paysage agricole dans lequel s’insère le site et
les fouilles effectuées, le joyau garde toujours son authenticité. Environ un Km, il est clôturé depuis 2005 et dispose d’une case d’accueil
dans laquelle sont exposés certains outils découverts sur les lieux. Des
toilettes ont été aussi aménagées pour les visiteurs, sans oublier la prise en
charge d’un gardien.
Ces dispositions devraient permettre une gestion et une organisation
rentable pour les populations. Conformément à la législation du Sénégal qui charge la direction du Patrimoine culturel du ministère
de la culture de gérer et de rentabiliser les lieux hautement historiques. Dans le cadre de la loi de janvier 1971,
fixant le régime des sites et monuments historiques et celui des fouilles et
découvertes. De même le décret du 08 Août 1973 portant l’application. Les
communautés ont aussi des pouvoirs étendus grâce à la loi sur la
décentralisation. Cette dernière facilite leur implication dans la gestion des
sites. « Ce site mégalithique, vue
son importance pouvait permettre l’électrification et le bitumage de la route pour faciliter l’accès au
village » lance Birane Gueye. Dans sa logique, le site est un trésor,
un vrai facteur de développement mais inexploité.
C’est ce que semble avoir compris les
parties prenantes. En décembre 2004, ils ont conçu un document dans le but de
rendre Sine NGayène visible et accessible. Ce projet permettra aussi de mener des
études approfondies afin d’adapter le site au développement local.
Sine Gayène n’est pas le seul site mégalithique du Sine
Saloum. Le département de Nioro du Rip abrite trois autres sites, Kaymor, Keur ALI et Diam Diam. Ces vestiges
funéraires d’une civilisation Sénégambienne qui a vécu 200 ans av J C jusqu’au
XVI siècle s’étendent sur plus de 20 000 mètres carré couvrant la zone du
Rip et de Tambacounda d’Ouest en Est, du Sud du Ferlo jusqu’à la Gambie du Nord
au Sud. Il y a environ 1 600 sites, tous classés au Patrimoine mondial de
l’Unesco selon Cyr Deschamps.
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