mercredi 27 juillet 2016

Mégalithes de Sine NGayène, Vestiges d’un passé lointain


 Témoins du temps et de l’histoire, les mégalithes révèlent un pan méconnu d’une culture païenne ancestrale.  Le site garde encore quelques secrets d’une Afrique préhistoire
Se rendre à cette localité de la commune de Gayène Sabakh dans le département de Nioro du Rip n’est pas aisé. La piste d’accès n’est pas aménagée. Sine NGayène est un complexe mégalithique qui rend compte de plus de 1 500 ans  d’existence d’une « société conservatrice et hiérarchisée ». Cyr Deschamps, archéologue  définit les mégalithes comme « des blocs de latérite sculptés en forme simple (prismes ou cylindres) parfois plus complexes (pierre lyre) dont la disposition la plus fréquente est le cercle presque toujours flanqué d’une ligne d’orientation Nord-Sud ». Avec ses 52 cercles, dont 1 200 pierres, Sine NGayène est le plus grand site de la zone.
   Classé patrimoine historique mondial par l’Unesco en 2006, Sine Gayène est  un aussi symbole de la Sénégambie. Il servait à l’inhumation entre le IIe et le Vie siècle. L’endroit fait partie des  quatre groupes de sites mégalithiques existant en Gambie (Wassu et Kerbacht) et au Sénégal (Sine Gayène et Wanar). Il a fait l’objet de trois fouilles par Raymond Mauny en 1956, Cyr Deschamps et Guy Thilmans 1975-76) puis Hamady Bocoum et Augustin Holl (2003-2005). Le résultat montre « qu’il existe une différence fonctionnelle entre tumulus et cercles mégalithiques. Les premiers correspondent  à des sépultures uniques et richement accompagnées et les seconds à des sépultures multiples, parfois secondaires, associées à un mobilier relativement réduit », comme le précisent Holl et Bocoum.
Malgré le paysage agricole dans lequel s’insère le site et les fouilles effectuées, le joyau garde toujours son authenticité. Environ un Km, il est clôturé depuis 2005 et dispose d’une case d’accueil dans laquelle sont exposés certains outils découverts sur les lieux. Des toilettes ont été aussi aménagées pour les visiteurs, sans oublier la prise en charge d’un gardien.
    Ces dispositions devraient permettre une gestion et une organisation rentable pour les populations. Conformément à la législation du Sénégal qui charge  la direction du Patrimoine culturel du ministère de la culture de gérer et de rentabiliser les lieux hautement historiques.  Dans le cadre de la loi de janvier 1971, fixant le régime des sites et monuments historiques et celui des fouilles et découvertes. De même le décret du 08 Août 1973 portant l’application. Les communautés ont aussi des pouvoirs étendus grâce à la loi sur la décentralisation. Cette dernière facilite leur implication dans la gestion des sites. « Ce site mégalithique, vue son importance pouvait permettre l’électrification et le bitumage de la route pour faciliter l’accès au village » lance Birane Gueye. Dans sa logique, le site est un trésor, un vrai facteur de développement mais inexploité.
      C’est ce que semble avoir compris les parties prenantes. En décembre 2004, ils ont conçu un document dans le but de rendre Sine NGayène visible et accessible. Ce projet permettra aussi de mener des études approfondies afin d’adapter le site au développement local.   
Sine Gayène n’est pas le seul site mégalithique du Sine Saloum. Le département de Nioro du Rip abrite trois autres sites,  Kaymor, Keur ALI et Diam Diam. Ces vestiges funéraires d’une civilisation Sénégambienne qui a vécu 200 ans av J C jusqu’au XVI siècle s’étendent sur plus de 20 000 mètres carré couvrant la zone du Rip et de Tambacounda d’Ouest en Est, du Sud du Ferlo jusqu’à la Gambie du Nord au Sud. Il y a environ 1 600 sites, tous classés au Patrimoine mondial de l’Unesco selon Cyr Deschamps. 



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